Rien n’y fit…

 

Depuis qu’en ce monde venue, j’ai tenté la parade. Puis, la boutade.
Et la désertion. Enfin, j’ai même tâté de l’esquive. Par pure bravade.
J’ai tenté. Me soustraire. Aux dérives. Pardon. Ai voulu m’incliner.
J’ai essayé… Par lassitude. Soudain. N’ai plus cru bon de parler.
Affolée de visions; saoulée; me suis bandé les yeux… Me cachant.
Assourdie de cris; hantée de clameurs; me suis percé les tympans.

Mais rien n’y fit…

Car il était mon destin de ressentir, de voir, d’entendre et savoir.
Et m’était dévolu de ne pas me taire. Ni de m’extraire. Par devoir.

Alors j’ai porté à mes lèvres la coupe si amère de vos œuvres, humains.
Condamnée, en ce monde, par gorgées lentes, à déglutir vos desseins.

MandraGaure/R_B

Marchienne-au-Pont – Ce 10 août 2014

L’image : « L’Âge Mûr » – Chef-d’Oeuvre de Camille Claudel – 

http://www.imagesdubeaudumonde.com/article-camille-claudel-a-l-honneur-au-musee-rodin-120761333.html

Afin que je puisse.

Comment vous réveiller, peuples ?

Comment vous faire comprendre que déjà sonne le glas ?

Comment vous sauver malgré vous puisque vous ne bougez pas ?

Dites…

Mais dites le moi.

Afin que je puisse.

Comment vous secouer, peuples ?

Comment vous extraire de vos tanières et chaumières ?

Comment vous faire entendre le danger puisque vous n’écoutez pas ?

Dites…

Mais dites le moi.

Afin que je puisse.

Faut-il vous épouvanter, peuples ?

Faut-il vous décrire l’horreur des terreurs et des cris ?

Et vous rappeler qu’ils tueront vos mères, vos pères, vos petits ?

Dites…

Mais dites le moi.

Afin que je sache.

Ce soir, pour vous, peuples…

Pour nous tous, pour nos enfants et nos demains.

Mon âme de peurs chavire et mon cœur d’angoisses est étreint.

J’écoute…

Mais n’entends rien.

Car vous ne répondez point.

MandraGaure

Marchienne-au-Pont

Ce jeudi 7 août 2014

Si j’écris…




… Si j’écris

Ici.

C’est comme ailleurs. Un peu partout.
Des bribes. Des lambeaux.

Des déchirures de mots.
Des tentatives. Des dérives. Verbales…
Des coins de voiles. Opaques.

Soulevés. D’un vent furtif.
Puis retombés. Inertes.
Sur mes silences.

J’essaierais. Rien n’est gagné.
Le clavier. L’écran. Me heurtent.

Il n’y a que la plume, À la main,

Magique medium…
Trempée d’un geste familier,
Dans l’encre, Touchant le fond,
Le fond. … De l’encrier…

Il n’y a qu’elle,

Crissante suiveuse de lignes,
Fidèle interprète de signes,
Ombre régulière sur le papier,
Dont le blanc,

Le blanc.

Jamais,
Ne m’a effrayée. …


N’ayez pas peur de moi.

MandraGaure

D’entre les lignes…

Hélène Villars - Photo de berlin

Petite histoire de vocables muets écrite d’entre les lignes

Dont aucun ne se peut être traduit qu’entrelacé de signes ;

En cela, errant entre vallons et cimes de douleurs énoncées,

Sauf si de vous écorcher ne craignez n’allez vous y tromper…

Point ne vous illusionnez de pouvoir y peu (ou pas) comprendre ;

Ni ne vous laissez prendre au fil des mots, croyant surprendre

Aux détours d’angles acérés où, traître, l’obscur glace le jour,

D’illusoires alternatives en surgirs* abrupts de faux retours.

La plume au fond de l’encrier plonge pour en transcrire la pensée

Sur la page où les songes, par allégories, prolongent l’inné narré.

Ainsi allant, chaque mot dit restera plaie jusqu’au bout de l’infini

Des temps que rien nulle part n’arrête. Ni de sursis ni de répit.

MandraGaure

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* D'autorité de poète j'ai usé de l'infinitif "surgir" en valeur substantive.
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Nuits…

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Nuits…

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Chaque jour égrené d’où le soir surgit sans surprise…

Toujours pareil.

D’une cigarette s’éteignant au bord du cendrier…

En spirale vermeil.

D’une nuit perdue ployant sous le soleil noir…

Où les songes veillent.

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De leurs voix rassemblées s’entend le cri sourd…

Disant toute l’étrangeté.

D’ombres éparses se voilent leurs yeux…

Et de leurs bouches muselées.

Tant pleurent leurs souffrances jusqu’à l’étoile…

Dernière allumée.

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D’un soupçon de peur immiscé entre la peau…

Et les os déjà frissonnants.

L’anxiété se mêle au coeur brisé des corps éreintés…

S’étirant.

D’un geste large et répandu au loin signant la fin…

Du soir tombé doucement.

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Troublés de voir arriver sur eux déterminé et violent…

L’inconnu ce démon.

Tous coururent au devant de l’éternité pour racheter…

Le vil abandon.

D’un éclat de lune dans le noir venu dessiner la courbe…

Saignant l‘horizon.

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Tenant entre ses doigts de buées le reflet des larmes…

Jamais taries.

S’écoulant jusqu’aux aubes en généreuses rosées…

Sur les prés fleuris.

Dont le matin s’enivrera tout le jour s’abreuvant…

De destinées jusqu’à l’autre nuit.

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MandraGaur’En Individu’Elle

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Note en vue de tranquilliser les inquiets :

Dans le troisième vers du quatrième couplet : 
– « D’un éclat de lune dans le noir venu dessiner la courbe saignant… 
– « L’horizon. »

Saignant n’est ni une faute d’ortographe ni non plus une erreur d’emploi, c’est volontaire… Je pensais la courbe de l’horizon dessinée par l’éclat de lune dans le noir venu « ceignant » le globe terrestre d’une ligne « rouge »… Incandescente dans le noir ceinturant la terre ainsi je la voyais… Aussi ai-je d’abord écrit ceignant donc… Me relisant pourtant c’est naturellement que l’évocation de l’image provoquée par les vers dans mon imaginaire m’a spontanément portée à modifier ceignant pour saignant finalement… La puissance de l’homophonie faisant le reste me semble-t-il…

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Droits d’Auteur il va de soi …

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