Sakineh

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Ca me dégoûte la totalité du corps

de savoir que là-bas en Iran

l’on puisse imaginer possible

de mettre à mort

une femme à coups de pierre !

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Ca me bouleverse l’esprit

de savoir que tous nous

sommes choqués

à la fois qu’impuissants

devant cet assassinat …

Comment empêcher cela ?

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Ca me torture l’âme et la conscience

d’être citoyenne d’un monde

de barbare opulence

coupable de crimes honteux

au profit du seul Pouvoir !

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IRAN- Aucune décision finale n’a été prise »

sur la lapidation de Sakineh

http://www.lepoint.fr/tiny/1-1229634

Ce qu’en dit Téhéran …

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« Exprimer collectivement le rejet

de pratiques d’un autre temps »

– Sakineh Mohammadi Ashtiani –

– Mort par lapidation –

http://bit.ly/arFVCs

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AUJOURD’hui :

Esplanade Trocadéro à Paris

– Rassemblement de soutien pour l’iranienne

Sakineh Mohammadi Ashtiani –

http://bit.ly/bDSYgB-

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MandraGaur’En Individu’elle

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*(Journal)

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Pour les conditions et droits d’auteur lisez le page d’accueil – Merci

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Orage

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Le ciel se fait un sang d’encre.

Des bourrasques de vent mauvais se lèvent.

Les oiseaux s’en vont s’abriter dans les futaies.

L’orage menace.

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Les premières tièdes et grosses gouttes

tombent drus et en saccades sur la toiture,

chantant la rengaine triomphante

de la pluie salvatrice.

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Des éclairs blancs et bleues déchirent le ciel.

Le tonnerre claque

et fait sursauter les derniers canards

s’attardant au milieu de la mare.

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Les sifflements du vent

s’harmonisent au tapage continu

des trombes d’eau

déferlant dans les rues.

Les parapluies s’ouvrent.

Enfin il pleut.

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MandraGaur’En Individu’Elle

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(Gazouillis ?…)

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Note : Je rappelle pour tout ceux que ça intéresse que ce que j’écris est protégé non seulement par la Licence Créative Commons mais aussi par la législation belge et internationale propre aux droits d’auteurs de même que par le dépôt des publications de ce blog (ou de tout autre de mes textes par ailleurs) dans les fichiers de la bibliothèque Royale Albertine à titre d’auteur belge repris dans les archives et déjà publié. Merci d’en tenir compte. Si des textes vous intéressaient vous pouvez me joindre par mail. La page d’accueil vous informe amplement à ce sujet de même que des normes, clauses et droits d’utilisation de mon oeuvre. -L’Auteur-

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Reine-Fleur…

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Elle déambulait les bras tombés le long de son corps et de sa robe de bal constellée de taches de boue …

Cette robe qu’elle n’avait pas encore quitté depuis ces derniers quatre jours …

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Depuis que la fête s’était clôturée de manière bouleversante.

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Après avoir vu s’étioler en une spirale de douleurs un hymne dédié au bonheur et en blessures dues à la traître surprise d’un acte prémédité, et après cette forme d’étonnement s’emparant d’elle dans les jours suivants l’évènement, après tout cela et des heures de recoupements et d’analyses, après avoir vu son visage bleuir et jaunir des traces de coups et sur son corps, après avoir vécu la révolte mêlée à la peur et la colère amalgamée à la terreur elle se souvenait devant cinq roses graciles dont le grenat lui parlait d’amitié,  qu’il lui faudrait se redresser, reprendre pied dans sa réalité, et lutter …

Elle ne s’en voyait plus le courage …

Elle posait l’oreille contre les pétales des fleurs rescapées comme pour les écouter lui rappeler la sincérité de l’offrande peu avant le drame …  A quelques jours à peine de là …

Elle s’acheminait lentement vers le bureau où comme ailleurs tout avait été dévasté.  Les tiroirs béants, ou au sol et vidés de leur contenu éparpillé sur toute la surface de la pièce; le canapé lacéré, éventré même par endroits; les lampadaires renversés, certains brisés; les livres tombés en tas par dizaines devant les bibliothèques; les tentures et rideaux arrachés de leurs supports, déchiquetés et laissés là, lamentables; et sur le bureau …  Plus rien …  La surface en était totalement vide …  Disparus les deux cadres des filles …  Disparus aussi le grand encrier double en cuivre aux fioles de porcelaine…  L’ensemble se trouvait au sol dans une position tordue qui laissait deviner que plus aucun usage ne pourrait en être fait.  Disparu le beau lampadaire de Constance …  Il gisait dans le coin opposé de la pièce, totalement désarticulé …  Quelle force brutale, semblable à une tornade, avait pu secouer Alexandre pour parvenir à un tel état de destruction ? Rien n’avait résisté !  Rien !…  La désolation règnait dans toutes les pièces de la maison, et dans les couloirs, sur les paliers …

Il avait tout dévasté .

Plus rien ne tenait debout .

Plus même elle.

S’approchant du bureau elle se baissait pour trouver au sol une de ses plumes, son écritoire peut-être …  Un encrier neuf …  Elle trouvait …  Restait à dénicher du papier à lettres …  Elle finit par en découvrir aussi …  Alors elle tirait à elle la chaise de Père et s’assit …  Elle débouchât le flacon d’encre, y trempât sa plume et se mit à écrire en tentant de maitriser le tremblement de sa main :

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 » …  Il m’est bon de pouvoir m’adresser à vous dans ma langue et de me savoir lue et comprise.

 » Il m’est meilleur encore de pouvoir vous dire des mots dépassant de loin par leur force les trop faciles « Merci » …

 » J’aime à pouvoir ici exprimer ma gratitude d’avoir la fierté et la sincère joie de vous compter de mes amis … « 

*

Elle refermât l’encrier, essuyât la plume.  Elle pliât la lettre en quatre, la disposât dans une enveloppe gris souris qu’elle trouvait au pied de la méridienne elle aussi totalement saccagée.  Humectant la colle de sa salive à l’aide d’un de ses doigts elle fermât l’enveloppe et sans rien y écrire la disposât bien au centre du bureau vide, à plat.

Alors elle pivotât sur elle-même comme pour juger de l’état des lieux puis se dirigeât vers la porte qu’elle ouvrît.  Dans le grand couloir elle prenait la direction de la porte d’entrée principale, emportât au passage dans la salle de séjour le bouquet de roses dont le rouge flamboyant faisait comme une grande tache de sang sur sa jupe…  Elle sortit sur le perron, refermât derrière elle le lourd battant en le tenant par le heurtoir qui claquât et résonnât longtemps encore dans le couloir après son départ  …

Plus personne jamais ne la revît.

Sauf sur la Lande m’a-t-on dit …

Celle des « Reine-Fleurs. »

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MandraGaur’En Individu’Elle

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In « Journal » – 1982 – Grèce/Kalamata

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Note : Je rappelle pour tout ceux que ça intéresse que ce que j’écris est protégé non seulement par la Licence Créative Commons mais aussi par la législation belge et internationale propre aux droits d’auteurs de même que par le dépôt des publications de ce blog (ou de tout autre de mes textes par ailleurs) dans les fichiers de la bibliothèque Royale Albertine à titre d’auteur belge repris dans les archives et déjà publié.  Merci d’en tenir compte.  Si des textes vous intéressaient vous pouvez me joindre par mail.  La page d’accueil vous informe amplement à ce sujet de même que des normes, clauses et droits d’utilisation de mon oeuvre.  -L’Auteur-*

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Vivre! Et tu vis…

Les bombes et les chaînes

"Les bombes et les chaînes"


Vivre, je t’ai dit, vivre !…

Et tu ouvris les yeux …

Et tu vis …

Tu vis oui …

Le monde et sa haine …

Les humains et leurs chaînes,

La planète et ses peines,

Les murs des prisons,

Les révoltes souterraines,

Les gorges fermées,

Les cris amputés, les baîllons,

Tu vis …

Les intérêts, les spéculations, les misères,

Les bombes et les guerres,

Les enfants affamés,

Les droits que l’on fait taire,

Et les cheminées nucléaires,

Les asiles cadenassés, loin retirés.

Tu vis …

Les mensonges, les trahisons,

Les espoirs, les abandons, les déceptions,

Les amours violentées, les cupidités,

Les traîtrises et les spoliations,

Et les ouvriers chagrins,

A l’aube aux portes du turbin,

Les routes d’asphalte et de béton

Traversant les paysages,

Les voitures rapides

Aux conducteurs sans visages.

Tu vis …

Les arbres décimés,

Les forêts brûlées,

Les montagnes ravagées,

Les plaines saccagées,

Les villes érigées

En tours aux mille fenêtres,

Les villages oubliés,

Les écoles fermées,

Les gares champêtres reniées,

Les chemins de fer aux passages d’enfer.

Tu vis …

Les poubelles de l’aurore hantées

Par des humains en loques et la galère  …

De quelque mendiant matinal,

Inconnu numéro hors société,

Partageant son butin frugal

Avec un chien maladif ou un chat efflanqué.

Tu vis, oui …

Ouvrant grands tes yeux étonnés,

Dans le matin brumeux et glacé,

Tu vis la fille de joie toute en tristesses

Seule sur le pavé,

Blasée, défigurée de routine,

Retournant vers son quartier.

Tu vis …

L’argent, la bourse,

Le change, l’exchange,

Les paris, les loteries,

Les courses, les malversations,

Les chiffres gonflés et surfaits,

Les portefeuilles à action,

Les magouilles monétaires, les banques,

Ces artisans des nos manques,

Le trafic des armes,

La consommation des morts,

Les pourcentages multipliés

Les génocides, les massacres organisés.

Tu vis …

La politique et ses combines,

Ses rictus peints, ses sourires feints,

Ses campagnes, ses trombines,

Ses cyniques discours et débats,

Ses promesses à trois sous,

Ses courbettes à paillettes,

Ses manipulations à la télévision.

Tu vis …

Les écrans et les murs de ta ville,

Saturés de publicité, d’images mobiles,

Vantant des bimbeloteries à consommer,

La pagaille superflue des objets inutiles,

Les marchands de vent et de dérision,

Le commerce du rien, les simulations,

Les falsifications, les futiles mitrailles,

Et les douze coups de minuit,

Et l’an Noël, et l’an neuf, pas une faille …

Tu vis …

Ceux qui n’ont pas même le pain

A donner à leur gamins, à leur marmaille,

Tu compris …

Que le monde s’emballe et dérape,

Qu’il tourne vers sa perte par la déraison.

De labyrinthes en béton

Aux dédales en carton,

D’immeubles mal bâtis

Aux bidonvilles, aux cités.

De salon de vacances,

A boustifailles en abondance,

Du peintre surévalué,

A l’artiste oublié, conspué, hué,

Du livre d’amours dégoisées,

Aux lignes dissidentes hurlant la vérité,

Tu vis …

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Les magouilles, les scandales, les fictions,

Des scénario pour jambes en l’air

Aux film “spécieux” pour amateurs de chair,

De l’enfant bafoué, asservi, perverti, sali,

Du bureau enfumé où se gravissent les échelons

A l’atelier clandestin, surpeuplé, obscur

Aux mains laborieuses sans noms,

La sueur des braves bues par les requins rusés,

Tu vis …


L’humain, ton ‘prochain’ pris en tenaille,

Tes frères et soeurs asservis, misérables,

L’humanité forcée à la marche à reculons.

Tu vis …

Et tu fermas les yeux

Devant cette vision insoutenable,

Et tu lui tournas le dos

Nayant plus rien à rêver de valable,

Et tu t’en allas loin,

Et désolé,

Perdant toute illusion.

MandraGaur’En Individu’Elle

C’est à Bagdad …

C’EST A BAGDAD


L’envolée …

"Borgne" Laurent Askienazy




La valse des nuages, ballet insensé.
La valse des enfants sages, chaussures délacées…
Cela se passe dans une rue de Bagdad,
Je ne te l’avais pas dit c’est ça?

La populace m’accueille dans un bourdonnement rauque mêlé de sang.
Le rire est absent.
Il n’y a plus de rire devant les morts vivants là.
Là bas, c’est à Bagdad, je ne te l’avais pas dit déjà?

La joie est absente.
Seule règne la divagation, les sens s’aiguisent, il faut trouver un vivant …

Des vivants dans les morts, tu le savais ça?
L’écho c’est le cri, il n’y a plus de paroles, il n’y a plus de mots, il n’y a plus de voix.
C’est à Bagdad, un matin rose, et jaune, et sang.

Ici le chagrin est absent, il n’y a ni larmes, ni regrets, ni deuil.
Réponds à ma demande, tu te souviens, je te disais, un beau matin, c’était à Bagdad…

Divine Bagdad.
Ma tête explose en spirales dans la frénésie des outrages

Comme s’est explosée en spirales la tête de l’homme au coin de la rue.

Il était le premier à l’avoir aperçue, la voiture.

Elle était piégée.
Arrête de me questionner.
Il reste un peu de cervelle, quelques fragments de boite crânienne,

Un oeil crevé est resté posé juste au seuil de la mosquée.
Ma tête, ma tête, je vais hurler.
Je le sens bien à l’approche d’une mélopée de femmes allant voilées

Et noires

Et groupées

Et les mains levées

Et criant,

Et hurlant…
Il n’y a ici pas de larmes, ni de pleurs, ni de deuils.
Ce sont les cris, ils répondent aux cris, et aux cris, et aux cris.
C’est à Bagdad, je te l’ai dit!

La vie me happe dans une ronde jamais ressentie.

J’ai honte d’être ici devant le drame, le drame d’aujourd’hui, le même que celui d’hier,

Le même que celui de la semaine dernière, le même que demain.

Je flotte dans l’irréel des choses.

C’est à Bagdad, la foule m’entoure avec éclat et bravoure.

Au loin une cadence qu’entonne un tambour, les sirènes hurlantes et ma mémoire remplie de démences.

C’est à Bagdad, tu m’entends, c’est à Bagdad!
Des êtres désarticulés commencent une danse folle et désordonnée.

La folie s’empare des cerveaux.
Gens. Enfants. Incroyants, mécréants, croyants…

Gens, gens, gens de la terre, gens de ce monde, dites moi.

Ici il n’y a plus de pureté.

Le chaos m’accueille dans un tumulte complet.

Il n’y a plus ni beauté, ni bonté.

La vie frôle des jours indisciplinés.

Je ricane.

Tant il n’y a plus rien de réel en ce monde meurtri.

Le voilage sombres des femmes atténue leurs regards,

Elles ne peuvent dire, ils ne peuvent dire,

Je ne suis pas ici pour dire,

Je n’ai plus rien à dire,

Pour mieux apprécier les trésors de la vie, il faut fuir, fuir, fuir, fuir devant l’humain.

Il se détruit.

Tu le vois bien …


Ici il n’y a pas de bienfaisance.

Il y a le silence, le silence, tous les silences, chaque fois, après…

Le livre de guerre continue subit et futur.
Ciel bleu dans un faste de sang, de violence, de haine, de mépris de l’autre,

Où l’imaginaire puise sa source dans une rancune vieille comme le monde,

Alimentée par ceux qui en tireront profit.
C’est à Bagdad, c’est à Bagdad, je te l’ai dit…

La nuit transfuse tous les chagrins.

D’antan.
C’est à Bagdad, à Bagdad, c’est là-bas,

Où il y tant de femmes, tant de vieillards, tant d’enfants.

C’est à Bagdad, pour aujourd’hui.

Demain, ce sera où ?  Ce sera qui?

Me voilà devant le ciel toujours aussi orange, et rose, et devenu bleu.

Les minarets dressés sur la ville, et le muezzin qui s’époumone,

Sa voix emplit les rues et les venelles d’un charme exquis.
Une volte-face du morbide.

C’est la fête d’une chair froissée par les événements derniers.
De chaleur, de douleur, de chagrin, de colère et de rage,

Ma peau ruisselle de sueur rance, les battements de mon cœur,

Les palpitations, les cris non proférés …

Tu m’entends dis?…

Les jours se suivent.
Les matins roses aussi.

Un nouveau chapitre s’ouvre d’un article sensationnel et remarqué dans le monde entier.

Voltige aliénante, voltige de la vie…
En gros caractère, en première page, sur tous les mails du globe, ils l’ont dit:
« C’est à Bagdad! C’est à Bagdad! C’est à Bagdad!
Toutes les télévisions en boucle l’ont repris!

Transition d’une mémoire où la ville me salue de son ciel bienfaiteur.
Là-bas, je te le dis, l’impuissance est d’agir.
Là-haut, je te le dis, l’hypocrisie mensongère.
Les états, les pouvoirs, les alliés, les désespoirs.
A Bagdad, à Bagdad vient le soir…
Les étoiles s’allument, je marche dans le noir.
Près de la mosquée, sous mon pied, un éclat d’os écrasé.
Et je hurle dans l’oreille de ma mémoire.
Il se fait tard.

Je marche…
A Bagdad ce soir, je marche.
Dans ma mémoire les cris,

Dans mes regards la stupeur,

Sous mes pieds le chemin.
Enfin …

Le bonheur d’un chemin !

MandraGaur’En Individu’Elle